Pourquoi l’essor des femmes dans les TIC est compliqué ?

À l’heure où se succèdent de nombreuses initiatives pour permettre aux femmes d’investir les métiers du numérique, il est utile de regarder dans le rétroviseur et de se rappeler, une époque où la gente féminine faisait rayonner le software en créant les premiers langages informatiques permettant aux ingénieurs de faire des bonds de géant dans les phases opérationnels nécessitant de réaliser de nombreuses opérations mathématiques.

Un peu d’histoire

Tout commença avec une aristocrate anglaise : Ada Lovelace, fille du renommé Lord Byron, poète anglais du XIXe siècle, qui marquera la postérité de son empreinte faisant ainsi quelque peu ombrage à sa prodigieuse progéniture.

En travaillant sur la machine à différences de Babbage, Ada développa ce qui sera les prémices du langage informatique. Plus tard, d’autres femmes feront avancer la cause des langages programmatifs, notamment Grace Hopper qui sera la conceptrice du premier compilateur en 1951 et du langage Cobol en 1959.

Un essor prometteur

La NASA emploiera de nombreuses femmes lors des programmes spatiaux, des calculatrices afro-américaines Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson permettront le succès des différents vols habités et contribueront à la conquête spatiale.

D’autres suivront : Kathleen Booth, pionnière de la reconnaissance de caractères et de la traduction automatique. Ou Barbara Liskov, qui programme en 1968 un des premiers jeux d’échecs, et devient professeure en intelligence artificielle au MIT.

Le coup de frein

L’Angleterre sera une terre fertile pour les développeuses qui ne cesseront de voir se confier des postes de programmeuses, de plus en plus nécessaire au fur et à mesure que l’informatique prenait sa place durant ce 20è siècle. Évènement rare les salaires étaient relativement élevés pour l’époque et considérant qu’il était anormal que les codeuses aient une rémunération aussi confortable et qu’il était peu concevable qu’elles encadrent des équipes mixtes, la Grande-Bretagne a, dans le secteur public bloqué la carrière de programmeuses compétentes.

Une conclusion tragique, une concorde d’état organisera donc la fin de l’employabilité des femmes dans le domaine informatique. Par la suite et par une série de biais, on ramènera l’informatique dans le giron de l’ingénierie et donc du domaine des hommes précisément.

Et maintenant

À ce jour les entreprises malgré la mise en place d’une politique de diversité pour des raisons d’image ou de performance peinent à recruter des femmes en informatique. Le cas de deux pays qui ont mis en place des mesures très incluantes sont à ce titre très signifiant. Les États-Unis et la Norvège, malgré des opérations de grandes envergures pour réintroduire la mixité en informatique, la part des femmes s’est stabilisée autour de 30 %

Un fait étonnant a même été relevé : le taux de participation des femmes dans le domaine des TIC est plus important dans les pays ou l’inégalité des sexes est fort. Parmi les plus inégalitaires, l’Algérie, la Tunisie, les Emirats Arabes Unis ou le Vietnam ont tous des taux de féminisation en filière scientifique supérieurs à 35 %. À l’inverse, en Suède, en Belgique ou aux Pays-Bas, le même taux ne dépasse pas les 25 %.

Et alors ce combat

Alors pourquoi dans les pays les plus exemplaires en matière d’égalité homme/femme, finalement on obtient un score plus faible de féminisation dans les filières des TIC ?. L’explication proposée est simplement que dans les pays plus riches, elles ont le choix de faire autre chose si les sciences ne les intéressent pas.

Je dirai en conclusion qu’il faut combattre les biais sexistes, et la discrimination envers les filles dans l’accès aux formations numériques et tous les facteurs qui font que les femmes se sont progressivement retirées. Il faut promouvoir l’égalité des chances et ouvrir ces métiers aux plus grands nombres. Toutefois c’est un constat qui ira peut-être a rebours d’un certaine volonté d’enkyster la présence féminine dans les filières scientifiques mais il appert que la massification et l’égalitarisme ne pourront se faire au détriment du choix et des motivations réelles des femmes.



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